Crise Financière – Crise Climatique – Quelles solutions ?

Pour le premier lundi de Sainte-Marie de l’année scolaire, Dominique Plihon, professeur émérite d’économie financière à l’université Paris XIII, militant altermondialiste, porte-parole du groupe Attac, a animé une conférence en évoquant un enjeu majeur de notre société actuelle : les solutions à la crise financière et climatique.

Tout d’abord, Dominique Plihon a établi un « diagnostic » de la crise climatique, en soulignant ses causes et ses conséquences. Cette crise climatique constatée par le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, créé en 1988) repose sur trois élements : la hausse de la température, l’influence de l’activité humaine et les risques engendrés par cette crise.

Premièrement, l’augmentation de la température à l’échelle du globe est indéniable : à titre d’exemple, la température a augmenté de 0,9 degré entre 1950 et 1980. Au delà d’un certain seuil, en théorie, celui d’un réchauffement supplémentaire de 2 degrés, les conséquences sur l’écosystème seraient irréversibles.

Puis, l’industrialisation de notre économie ayant débuté à la fin de XVIIIème siècle avec la première Révolution Industrielle, a entraîné des émissions importantes de gaz à effet de serre dans le cadre de la production. L’économie des sociétés actuelles dépend de l’utilisation d’énergies fossiles et pollluantes tel que le pétrole. Paul Josef Crutzen qualifie cette période actuelle (ayant commencé à la Révolution Industrielle) d’ère anthropocène : l’homme a désormais par son comportement une influence prépondérante sur le milieu dans lequel il évolue et par conséquent sur l’écosystème.

Cette influence est visible par l’étude de l’évolution de l’empreinte carbone : il s’agit d’un calcul observant la quantité de dioxyde de carbone émise par la société (l’ensemble de la population mondiale) . Cette mesure démontre que la société humaine depuis 1970 consomme plus que la Terre ne produit en terme de ressources : notre économie est donc désormais fortement fondée sur l’épuisement des ressources et l’érosion des sols.

Ainsi, cette activité humaine génère des risques non négligeables, et ce, avant tout sur un plan physique : le dérèglement climatique entraîne de manière inévitable une augmentation des catastrophes naturelles en fréquence et en intensité. La catastrophe naturelle la plus redoutée est liée à la fonte des glaces engendrant une remontée des eaux.

Par la suite, Dominique Plihon a également évoqué les solutions pour régler cette crise. En décembre 2015, le traité de Paris a été adopté par les 195 délégations étatiques. Ce traité repose sur l’engagement de chaque pays à réduire ses émissions de CO2. Cependant, il existe un scepticisme au sujet des effets réellement positifs et suffisants de ce traité : selon le GIEC, les mesures mises en place ne pourraient pas créer un réchauffement maximal de 2 degrés mais plutôt de 3 degrés, il s’agit d’une prévision jugée presque inévitable, s’il n’y a pas de changement radical dans les politiques gouvernementales.

L’autre solution émanerait d’un plan financier : la crise climatique risquerait d’entraîner une crise financière. C’est pourquoi il faut remettre en question le système économique actuel, limiter l’aliment      ation de bulles spéculatives et privilégier l’investissement dans l’économie réelle. La crise climatique créerait de nouveaux vecteurs de dépréciation sur les marchés financiers, s’établissant sur un plan physique pour les impacts néfastes en cas de catastrophe naturelle, juridiques à travers les procès et les scandales dénonçant les victimes du dérèglement climatique. La crise climatique engendre également la nécessité d’une transition énergétique : dans ce cas, il s’agit du risque de dévalorisation d’actifs directement liés à des entreprises productrices d’énergies fossiles, à l’instar de Total dont la capitalisation boursière se situe aux alentours de 120 milliards d’euros.

Ainsi, le système financier doit trouver des investissements à long terme, bénéfiques pour l’investisseur comme pour l’environnement, avec l’idée de « verdir » la finance. D’ailleurs, l’article 4 des accords de Paris stipule la nécessité de rendre les flux financiers cohérents avec les objectifs environnementaux fixés.