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Crise de coronavirus : un plan de relance est-il nécessaire ?

Alors que l’économie mondiale est à l’arrêt mais que la perspective d’un déconfinement se précise dans plusieurs grands pays du monde, émerge dans le débat public la question de l’opportunité d’une stratégie de relance, éventuellement concertée. Nous verrons d’abord les raisons pouvant mettre en doute le bien-fondé de telles initiatives, compte tenu du rebond spontané de l’activité que l’on peut espérer, avant d’examiner les risques qui les justifient, en particulier de spirale récessive. 

Toute récession ou période durable de stagnation économique soulève la question d’une stratégie de relance keynésienne. Après la crise financière de 2008, les grands pays développés s’étaient mis d’accord sur la nécessité de soutenir la demande en acceptant un creusement important des déficits publics. Conjointement aux politiques monétaires menées par les banques centrales, ces politiques d’expansion budgétaire ont permis d’éviter que l’économie mondiale ne reste engluée dans les conséquences de la crise financière, qui menaçait de limiter durablement la capacité des agents à s’endetter pour investir et embaucher. 

Toutefois, le cas de figure inédit créé par l’épidémie de coronavirus instaure un contexte bien différent. En première analyse, on pourrait assimiler cette crise à une mise à l’arrêt temporaire, pouvant être suivie par une remise en marche assez rapide, d’autant que les pouvoirs publics ont multiplié les dispositifs pour limiter ses effets négatifs sur les entreprises et les ménages (comme le chômage partiel payé par l’Etat). L’OFCE a calculé que les finances publiques devraient absorber 60% des pertes de revenus dus aux deux mois (supposés) de confinement. En limitant les faillites, les licenciements et la diminution des revenus, l’Etat et les administrations publiques ont voulu prévenir le danger de conséquences durables sur l’activité et les capacités de production, créant ainsi les conditions d’un redémarrage rapide.

Non seulement, les pouvoirs publics ont, ce faisant, évité une dégradation de la situation financière des ménages, mais ouvert la voie, a priori, à un rebond de la consommation au sortir de la période de déconfinement. En effet, alors que leurs revenus ont été en grande partie préservés, les ménages ont consommé beaucoup moins qu’ils l’auraient souhaité durant ces deux mois, par la force des choses. Cette « épargne forcée » devrait normalement être utilisée une fois levées les restrictions de circulation et à l’ouverture des commerces et services. La consommation ne retrouverait pas seulement son niveau normal mais le dépasserait pendant un certain temps. 

Tout pourrait donc se passer comme si les Etats avaient déjà préparé un plan de relance en vue du déconfinement, en préservant les revenus des agents, en particulier des ménages. Il n’y aurait pas besoin d’une nouvelle stimulation de la consommation. L’OFCE a ainsi estimé que la récession française ne serait plus de 5% mais seulement de 2%, si toute cette épargne forcée était dépensée d’ici la fin de l’année. 

Par ailleurs, un nouvel effort budgétaire se traduirait par une détérioration supplémentaire des comptes publics, cette dégradation atteignant déjà des proportions vertigineuses. Cela mettrait en cause la capacité de remboursement à long terme des Etats et ferait peser à nouveau la menace d’une crise des dettes publiques, comme en 2011, en particulier dans le cas de pays déjà fragilisés comme l’Italie. A contrario, laisser la reprise se développer d’elle-même permettrait de réduire progressivement les déficits publics, grâce aux recettes générées par l’activité et la consommation. Un plan de relance ferait courir le risque de s’écarter de cette trajectoire favorable. 

Cependant, l’hypothèse d’une utilisation rapide de cette épargne forcée apparaît elle-même contestable, et sa non-réalisation fait planer un danger plus grave encore qu’un nouveau creusement des déficits. Il est, en effet, douteux que cette épargne se retrouve rapidement et intégralement dans les circuits économiques. Le déconfinement se fera de manière progressive, limitant certaines possibilités de consommation. Dans de nombreux domaines (services, tourisme, par exemple), on ne pourra pas rattraper et compenser, ou seulement partiellement, ce qui n’a pas été consommé pendant ces deux mois. Enfin, après un tel choc, dans un climat anxiogène, les ménages conserveront probablement une fraction importante d’épargne de précaution. Une partie d’entre eux, confrontés à de nombreuses difficultés et incertitudes, notamment ceux qui exercent leur activité en tant qu’indépendants, devront garder une marge de sécurité financière. 

Par ailleurs, le tableau apparaît plus sombre dans le cas des entreprises. Même de grandes sociétés se trouvent dans des situations précaires, et ce, sans doute pour plusieurs années – par exemple dans le secteur aérien et des transports en général. L’Etat va d’ailleurs parfois participer à leur recapitalisation, pour les aider à traverser une mauvaise passe relativement longue. N’oublions pas, en outre, que l’épidémie de coronavirus a provoqué non seulement un choc de demande mais aussi un choc d’offre, en désorganisant voire en interrompant des chaînes d’approvisionnement à l’échelle du monde. De nombreuses entreprises vont continuer à souffrir de difficultés à importer des composants et des matières nécessaires, voire à trouver les personnels compétents dont elles ont besoin. 

La situation est évidemment encore plus dramatique dans le cas de nombreuses PME. N’ayant pas la trésorerie nécessaire pour tenir plusieurs mois sans chiffres d’affaires, beaucoup vont faire faillite et/ou licencier une bonne partie de leurs salariés, malgré les aides publiques. Dans certains secteurs, comme l’hôtellerie-restauration, la reconduction des fermetures au-delà du 11 mai et éventuellement jusqu’à la période cruciale de l’été, risque d’être souvent fatale.

En tout état de cause, l’effondrement de l’investissement des entreprises ne sera pas suivie d’un rattrapage du temps perdu ni même d’une simple remise à niveau. Des perspectives et des capacités financières dégradées vont durablement limiter ces dépenses, alors qu’on sait que leur forte volatilité a une influence souvent prépondérante sur les fluctuations de la croissance. On pourrait ajouter que d’autres formes d’investissement au sens large, non indispensables à court terme, comme la recherche, la publicité, l’acquisition de logiciels, pourraient être sacrifiés, la priorité allant au rétablissement des comptes et à la survie des entreprises.

Au final, le risque d’une spirale récessive, provoquée par la baisse de l’investissement et le manque de dynamisme de la consommation, puis se nourrissant d’elle-même par l’intermédiaire de la diminution de l’activité, de l’emploi et des revenus, justifie d’engager la réflexion sur un plan de relance. Lui seul semble à même de remettre totalement en marche l’outil de production, une fois que celui-ci pourra à nouveau fonctionner normalement (et pas avant). Pour atteindre une efficacité maximale, il devra être concerté, la cohérence des politiques des grands pays de l’OCDE paraissant primordiale, et ciblé, car les besoins s’avèrent très différents d’un secteur à l’autre, d’une catégorie d’entreprises ou de ménages à l’autre. 

Martin Vasseur

Pandémie, quelles mesures de la BCE pour assurer la solidité du système financier ?

Pour comprendre les interventions des institutions il faut d’abord connaître l’explication du risque d’effondrement des banques, entraînant l’effondrement de leur cours.

EURO STOXX BANKS https://investir.lesechos.fr/cours/indice-euro-stoxx-banks,wdstx,eu0009658426,isx7e,iso.html

I La possible faillite bancaire est issue de deux principaux risques :

Un risque de faillite comptable lié à l’insolvabilité de la banque :

Une banque est insolvable dès lors la valeur de ses actifs est inférieure au montant de ses dettes (au passif) ce qui implique des fonds propres négatifs et donc une faillite comptable. (Fonds propres = Actifs – Dettes)

Ce risque d’insolvabilité des banques est directement lié à l’état des marchés financiers. Dans la mesure où les actifs des banques sont surtout des produits financiers et notamment des obligations d’état.

Ce risque est accentué par le fait que les banques utilisent des effets de leviers importants pour financer leurs activités. Ainsi les dettes occupent une très large proportion du passif du bilan des banques et les fonds propres une faible proportion ne laissant donc qu’une légère marge pour encaisser une baisse de la valeur de ses actifs.

C’est pourquoi, une baisse généralisée des marchés financiers fragilise les banques.

Cette baisse fragilise leur solvabilité malgré les modèles mathématiques extrêmement c­omplexes (et donc peu lisibles) visant à compenser la baisse d’une classe d’actifs de manière à éviter une baisse généralisée de la valeur de leurs actifs.

Un risque lié à une crise de liquidités :

Ce risque peut survenir lorsque les investisseurs doutent de la solvabilité de la banque. Alors, ces investisseurs ne prêtent plus. En conséquence, la banque (qui a besoin de liquidité au jour le jour pour rembourser ses dettes arrivant à échéance) vend une partie de ses actifs pour rembourser ses dettes. Or ce choc d’offre entraîne une baisse de la valeur de tous les actifs de la banque (vendus et non vendus) ce qui entraîne une perte venant rogner le capital de celle-ci et donc diminuer sa solvabilité.

Le problème de liquidités de la banque entraîne alors celui d’insolvabilité. Les doutes des investisseurs sont alors autoréalisateurs puisqu’ils favorisent l’insolvabilité de la banque pour laquelle ils avaient des doutes. En effet, ce sont ces doutes causent cet assèchement de liquidités forçant la banque à vendre ses actifs.

Les banques sont exposées au risque de crise de liquidités car la valeur de leurs actifs et difficilement mesurable et car elles empruntent au jour le jour pour rembourser leurs dettes arrivant à échéance.

    Ce petit rappel concernant les risques auxquels les banques sont exposées permet de mieux comprendre le pourquoi du comment de l’action de la BCE qui vise notamment à sauvegarder les banques.

(Je ne détaillerai pas ici les raisons de l’essentialité de cette sauvegarde, connue de tous. En effet, les rouages de ce sauvetage semblent bien moins connus du grand public que les raisons de celui-ci.)

Nous allons maintenant pouvoir comprendre l’action des institutions dans la crise économique/financière dû à la pandémie que nous traversons aujourd’hui.

II L’action des institutions face à la crise :

Pour résumer, la pandémie du covid-19 a amené les gouvernements de la plupart de grandes puissances mondiales dont la France, à imposer un confinement à leur population. Ce confinement a entrainé un choc négatif, d’offre et de demande, réduisant considérablement l’activité économique dont le ralentissement est estimé à 32% selon l’INSEE. Cet arrêt partiel de l’économie entraîne une très forte augmentation du risque de faillite d’entreprises dont l’activité est considérablement réduite. Ce qui entraîne une chute des marchés financiers notamment actions. Ces faillites potentielles fragilisent d’autant plus les banques qui ont prêté à ces mêmes entreprises, ce qui explique la chute vertigineuse de leurs cours (CF graphique 1 ci-dessus cours de l’Euro Stoxx Banks). La chute des marchés actions résulte tout simplement de l’anticipation des bénéfices futurs par les financiers. Cette anticipation est évidement irrationnelle, puisqu’en réalité aucun n’est capable de prédire le véritable impact de cette crise sur les bénéfices ou faillites futurs d’entreprises. A cette irrationalité s’ajoute la spéculation de certains acteurs qui tentent d’en profiter (pour tenter d’y remédier les vad ont été interdites) renforçant d’autant plus l’actuelle volatilité des marchés. La chute obligataire résulte quant à elle des plans de relance des états pour faire face à crise.

(Récapitulatifs CF images ci-dessous)

Ces images témoignent de manière flagrante de l’effondrement des marchés actions et l’envolée dès le début du mois de mars des rendements des obligations d’état de la zone euro, face à l’ampleur des déséquilibres budgétaires qui s’annoncent. Ainsi, la BCE n’a eu d’autre choix que d’intervenir malgré les premières déclarations de Christine Lagarde, rapidement taclée par les dirigeants européens.

Récapitulatif en images de l’état actuel des marchés :

Face à cette crise, la BCE a dû intervenir pour éviter une envolée des taux d’emprunts des états (qui avait déjà débuté) et du risque de faillites bancaires ( CF I ). Cette intervention prend la forme du fonctionnement à plein régime de la « planche à billets » notamment par la mise en place de TLRO, l’intensification du QE et l’assouplissement de certaines règles :

1)     Par les TLRTO (Targeted Long-Term Refinancing Operations) la BCE refinance les banques commerciales en leur prêtant à long terme à taux inférieur de 0,25 point au taux directeur moyen, s’assurant ainsi que les banques ne manquent pas de liquidités et qu’elles puissent abondement prêter. L’objectif du TLTRO est d’inciter les banques à prêter aux entreprises dans l’économie réelle et par conséquent d’éviter une fuite des capitaux sur les marchés financiers. Ainsi la BCE communique « Nous offrons jusqu’à 3 000 milliards d’euros de liquidité à travers nos opérations de refinancement, y compris au taux d’intérêt le plus bas jamais proposé, de -0,75 %. Cette offre de fonds à des taux inférieurs à notre taux de la facilité de dépôt nous permet de renforcer le soutien apporté par les taux négatifs et de l’acheminer directement vers ceux qui peuvent le plus en bénéficier. ».

Pour favoriser l’apport de liquidités la BCE a assoupli les règles concernant les collatérales qu’elle accepte de la part des banques commerciales, acceptant maintenant des obligations grecques ou encore des titres de créances sur ménages ou PME. « Nous avons également décidé d’acheter des billets de trésorerie assortis d’une qualité de crédit suffisante et d’étendre les garanties éligibles à nos opérations de refinancement. L’objectif est de renforcer les mesures que nous avons prises la semaine dernière afin de protéger le crédit aux entreprises et aux ménages. ». Dans cette même visée, la BCE a diminué le taux de décote qu’elle applique aux collatérales risqués et elle envisage des mesures visant à réduire les conséquences négatives de l’abaissement des notes délivrées par les agences de notations sans doute pour ne pas voir les actifs qu’elle détiendra trop se déprécier. Il semblerait que la BCE puisse maintenant accepter des actifs classés spéculatif par les agences de notations (ce qui était impossible auparavant), il s’agit du principe du qualitative easing.

Les Echos le 8 avril 2020

2)    La BCE intensifie le rachat d’actifs (QE ou Quantitative Easing) pratiqué depuis 2015. Ainsi, 180 milliards avaient déjà été promis en septembre.  Face à la crise du coronavirus, le 12 mars, Christine Lagarde annonce 120 milliards d’euros puis dans la nuit du 18 mars 750 milliards d’euros de QE visant à rassurer les marchés (la monnaie injectée ne va donc très peu vers l’économie réelle).  Ces mesures s’inscrivent dans l’intensification du QE.

La BCE en a également assoupli les règles du QE. Ainsi, elle a clairement annoncé qu’elle aller étendre son programme de rachat d’actifs et celle-ci ne se contentera sûrement pas des quelques centaines de milliards annoncés en mars. « Nous sommes totalement prêts à accroître encore la taille de nos programmes d’achats d’actifs et à en ajuster la composition, autant que nécessaire et aussi longtemps que cela sera requis. Nous examinerons toutes les pistes et toutes les éventualités en vue de soutenir l’économie pendant ce choc. ». Ceci signifie donc que la BCE dépassera probablement la limite de rachat de 33% qu’elle s’était fixée de manière à ce que le QE ne soit pas un outil de financement de certains Etats ce qui encouragerait une politique budgétaire dispendieuse (cf « comportement de passager clandestin »).  La BCE l’a elle-même annoncé dans ce même communiqué. « De plus, si des limites que nous nous sommes volontairement imposées freinent les initiatives que nous devons prendre afin d’accomplir notre mission, nous les réévaluerons autant que nécessaire pour rendre notre action proportionnée aux risques auxquels nous sommes confrontés. ». Ainsi il faut s’attendre à ce que la BCE dépasse la limite de rachat de 33% et achète des actifs de plus en plus risqués et variés, nous menant ainsi vers une « japonisation », une exploitation particulièrement intense du Quantitative easing, politique que pratique la BOJ (Bank of Japan).

Le QE vise à baisser le coût d’emprunt des états de la zone euro qui ont dû et vont devoir beaucoup dépenser pour relancer l’économie. En plus de l’augmentation des dépenses les états seront confrontés à la baisse de leurs recettes ce qui n’allègera pas les déficits et dettes publiques déjà supérieures à 100% du PIB pour bon nombre d’entre eux. Les Etats mettent en place des plans de relance importants (nécessitant un QE pour éviter une hausse de leurs taux d’emprunts). En effet, C.Lagarde l’a annoncé « une réponse budgétaire rapide, ambitieuse et coordonnée était indispensable pour soutenir les entreprises et les travailleurs » « Nous ne viendrons à bout de ce choc que si nous travaillons ensemble ». Ceci nécessite d’autant plus d’éviter une hausse des taux d’emprunt qui avait déjà débuté avant que la BCE n’intervienne. En outre, ces rachats permettant d’abaisser les taux d’emprunt des états, renforce la solidité du bilan des banques dont les bons du trésor sont une part non négligeable des actifs de celles-ci. Ainsi, ces rachats d’actifs sont vitaux pour rassurer sur les prêteurs la solvabilité des Etats et des banques.

3)     Pour encourager le crédit la BCE a assoupli fin mars les exigences en matière de fonds propres pour les banques commerciales (or les banques européennes ont déjà des effets de levier très importants, il n’y a qu’à regarder le bilan de Deutsch Bank). Concrètement les banques peuvent avoir jusqu’à nouvel ordre moins de fonds propres que ce qui était jusqu’à présent autorisé.

4)    Dans ce contexte de crise, la seule restriction imposée aux banques par la BCE est la non-augmentation des dividendes versés aux actionnaires et des bonus des dirigeants.

La BCE n’est pas la seule à avoir pris des mesures ou assouplit des règles pour aider le secteur bancaire.

Par exemple, l’Etat Français a en outre prit la décision de mettre en place dès le 25 mars le PGE (Prêt Garanti par l’Etat). Concrètement grâce au PGE les prêts accordés aux entreprises par les banques commerciales sont garantis de 70 à 90% (plus l’entreprise est grande moins le prêt est garanti). Selon le gouvernement, « Le prêt garanti par l’Etat ne pourra dépasser un plafond de 25% du chiffre d’affaires HT 2019 constaté (soit l’équivalent d’un trimestre d’activités), ou du dernier exercice clos. ». D’après Bruno Le Maire ce « dispositif inédit » permet à l’Etat de « garantir » pour 300 milliards d’euros de prêts. (Évidemment les « établissements de crédit ou société de financement » et les « sociétés civiles immobilières » ne peuvent bénéficier du PGE).

    Pour conclure, avec ces mesures les banques commerciales sont assurées contre le risque de liquidités, par les TLTRO pour lesquels les types d’actifs acceptés en collatéral sont très élargies, et contre le risque d’insolvabilité par le Prêt Granit par l’Etat et l’intensification du QE qui favorise la solidité et la liquidité des actifs du bilan des banques.

Pour finir il serait intéressant de réfléchir sur le risque éventuel de ces mesures.

Voici les fondements de ma réflexion, la BCE a prévenu dès le début de la crise qu’elle ne mettrait pas en place d’OMT (opération monétaire sur titre, consistant à racheter directement des obligations souveraines), en effet jeudi 12 mars C. Lagarde l’avait annoncé « La BCE n’a pas pour rôle de réduire les spreads », ce qui signifie que la BCE n’a pas pour fonction d’assurer une convergence des taux sur le marché obligataire.

On peut donc raisonnablement supposer que la crise économique que nous traversons favorise et favorisera l’hétérogénéité de la zone euro que reflètent les taux auxquels les différents états membres empruntent. Ceci m’interroge, cette crise engendrera-t-elle une nouvelle crise de l’euro ? Si aucun ne saurait en mesurer la probabilité, il est certain que celle-ci n’est pas nul. (CF Graphiques rendements obligations d’état)

La résilience de la zone euro et plus généralement de l’UE seront éprouvées par cette crise du coronavirus. En effet, la faible solidarité européenne quant à la sécurité nationale est flagrante : par exemple l’Italie a fait appel à la Chine mais également à Cuba et au Venezuela pour l’aider ; la République Tchèque a saisi sur un « malentendu » (d’après les autorités) des milliers de masques qui étaient un don de la Chine pour l’Italie.

Chacun sait qu’il n’y a aucune limite théorique à la taille du bilan des banques centrales. Mais comme nous le rappelle Mario Draghi, lors d’une interview accordée au wall street journal en février 2012, « The purchase of these bonds was done for public interest reasons. Also people tend to forget that this money the ECB has spent is not private money. It is public money » Or, pour ma part, je vois mal les contribuables allemands accepter de payer pour les citoyens grecs ou italiens.

Charles Roussel et Pierre Geraud

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Sources :

EURO STOXX BANKS https://investir.lesechos.fr/cours/indice-euro-stoxx-banks,wdstx,eu0009658426,isx7e,iso.html

Graphiques rendements obligataire états zone euro https://fr.investing.com/rates-bonds/france-10-year-bond-yield

Mesures BCE : https://www.ecb.europa.eu/press/blog/date/2020/html/ecb.blog200319~11f421e25e.fr.html

« Nous offrons jusqu’à 3 000 milliards d’euros de liquidité à travers nos opérations de refinancement, y compris au taux d’intérêt le plus bas jamais proposé, de -0,75 %. Cette offre de fonds à des taux inférieurs à notre taux de la facilité de dépôt nous permet de renforcer le soutien apporté par les taux négatifs et de l’acheminer directement vers ceux qui peuvent le plus en bénéficier. ».

« Nous avons également décidé d’acheter des billets de trésorerie assortis d’une qualité de crédit suffisante et d’étendre les garanties éligibles à nos opérations de refinancement. L’objectif est de renforcer les mesures que nous avons prises la semaine dernière afin de protéger le crédit aux entreprises et aux ménages. »

« Nous sommes totalement prêts à accroître encore la taille de nos programmes d’achats d’actifs et à en ajuster la composition, autant que nécessaire et aussi longtemps que cela sera requis. Nous examinerons toutes les pistes et toutes les éventualités en vue de soutenir l’économie pendant ce choc. »

« De plus, si des limites que nous nous sommes volontairement imposées freinent les initiatives que nous devons prendre afin d’accomplir notre mission, nous les réévaluerons autant que nécessaire pour rendre notre action proportionnée aux risques auxquels nous sommes confrontés. »

PGE : https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2020/dp-covid-pret-garanti.pdf « Le prêt garanti par l’Etat ne pourra dépasser un plafond de 25% du chiffre d’affaires HT 2019 constaté (soit l’équivalent d’un trimestre d’activités), ou du dernier exercice clos. » ce « dispositif inédit » « établissements de crédit ou société de financement » et les « sociétés civiles immobilières »

Citation entretient de Mario Draghi au Wall Street Journal en février 2012 :

https://www.ecb.europa.eu/press/inter/date/2012/html/sp120224.en.html

«  WSJ: The ECB protected its Greek bond holdings from losses by swapping the bonds for new ones. Critics say the ECB should suffer the fate that private sector bondholders have suffered. What’s your response to that?

Draghi: The Securities Market Program bought these bonds because the monetary policy transmission channels were broken. The purchase of these bonds was done for public interest reasons. Also people tend to forget that this money the ECB has spent is not private money. It is public money, it is taxpayers’ money and the ECB is committed to protect the taxpayers’ money. »

Citations de Christine Lagarde :

Réformes des retraites : Une nécessité vitale pour la viabilité de notre protection sociale ?

La question de la réforme des retraites évoquée dans le programme d’Emmanuel Macron en 2017, a entrainé un mouvement de contestation aboutissant à des grèves et une paralysie du Traffic ferroviaire au mois de décembre 2019. En effet, les fonctionnaires de la SNCF souligne leur scepticisme quant à cette réforme, marquée par la suppression des régimes spéciaux et par conséquent la réduction de leurs avantages. Le projet défendu par le gouvernement a pour vocation de transformer en profondeur les structures du système de retraite, et ne correspond pas à des ajustements comme les réformes précédentes de 1993 ou de 2010. Initialement, le projet a été confié à Jean-Paul Delevoye qui avait été nommé haut-commissaire à la réforme des retraites en septembre 2017 et qui transmet son rapport en juillet 2019.

Le régime actuel :

A l’heure actuelle, il existe 42 régimes de retraites, pour les fonctionnaires, pour les indépendants ou les agriculteurs notamment . Cependant, selon la direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques, 80 % des retraités sont couverts par le régime général. De plus, la complexité de ce système est renforcée avec le principe de régime polypensionné, dont bénéficient des retraités ayant connu des reconversions professionnelles. Ce régime concerne un emploi sur trois. Certains individus ayant souvent changé d’activité au cours de leur carrière professionnelle peuvent donc avoir quatre ou cinq formes de régimes de retraite. Par la suite, dans le cas du régime général, l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans, mais il existe une distinction entre l’âge légal de départ et celui à taux plein. En effet, un actif partant à la retraite à 62 ans n’est pas du tout assuré d’avoir une retraite maximale, pour avoir une pension complète, l’actif doit travailler 43 ans pour ceux nés après 1973 et 41 ans et neuf mois pour ceux nés après 1958.

Les modifications du gouvernement :

L’objectif de cette réforme est de rendre le système moins complexe par la mise en place d’un régime unique mais également par une volonté de rendre le régime plus flexible face à l’évolution de la conjoncture économique. Emmanuel Macron avait d’abord évoqué un système proche du modèle suédois. Dans cette situation, le point évolue en fonction de la croissance économique, dans un souci de régulation du poids du déficit. En effet, lorsque la croissance économique diminue et que les dépenses publiques d’un état restent inchangées, le poids de son déficit augmente mécaniquement. Cependant, les annonces d’Edouard Philippe le 9 décembre, ont été marquées par la promesse que le point n’évoluerait pas en fonction de la conjoncture. Désormais, le régime de retraite sera fondé sur des points. Ces derniers seront accumulés par les travailleurs tout au long de leur vie. Par conséquent, leurs retraites ne seront plus calculées sur leurs 25 dernières années pour les salariés du privé ou 6 mois pour le public, mais tout au long de leurs carrières. De manière mécanique, ce système par point est un vecteur de baisse des pensions puisque les jeunes actifs, moins expérimentés, ont des salaires plus bas et voient leurs salaires augmenter au fil de leur carrière. Par conséquent, dans ce régime universel à point les grands perdants sont les professeurs. En effet, ces derniers débutaient leurs carrières avec des salaires bas mais avaient l’avantage de voir une hausse régulière de leurs revenus et d’avoir une retraite, calculée sur les six derniers mois de cotisation. Si l’on prend des chiffres précis, un professeur gagne 1640 euros mensuel en début de carrière contre 2639 en fin. L’écart entre le début et la fin de carrière est par conséquent de 60 %. Le gouvernement compte également mettre en place un âge pivot, l’actif doit alors accepter de travailler deux ans de plus afin que sa retraite ne soit pas impactée. L’âge de départ à taux plein augmente donc avec cette réforme. Cependant, l’actif peut toujours faire le choix de partir à 62 ans mais subira une décote de sa retraite.

Des nécessités d’instaurer un équilibre budgétaire, et une volonté d’instaurer de l’égalité :

Le gouvernement a souligné leur intention de mettre fin au déficit des retraites et de contrer une éventuelle explosion de ce déficit dans les années à venir. En effet, avec l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de retraités augmentent plus rapidement que le nombre de cotisants. Ce déséquilibre peut alors s’interpréter de deux manières : dans un état d’esprit plutôt libéral (celui du gouvernement), l’Etat doit obligatoirement équilibrer son système tandis que dans un paradigme plutôt keynésien, où le régime de retraite est   considéré comme une dépense publique  classique, le déficit n’est pas vu comme un problème. Dans ce cas, la retraite est vue comme une dépense de protection sociale à part entière. L’idée du gouvernement est de créer plus d’équité entre les Français, un euro cotisé donnera en théorie exactement les mêmes droits à tous. Le gouvernement a également souligné sa volonté de tenir compte de la pénibilité de certains métiers. En plus de ces promesses, le minimum de retraite devrait passer de 500 à 1000 euros, afin de réduire les écarts de pension, et le maximum de retraite est fixé à 10000 euros par mois, ce qui est inédit en France.

Les conséquences de cette réforme selon les détracteurs :

La conséquence immédiate est la réaction des citoyens qui se mobilisent, ayant l’impression qu’à l’issue de cette réforme, ils travailleront plus pour gagner moins. Des syndicats se sont  mobilisés, la CGT appelle alors à la grève générale et celle-ci est suivie depuis le début du mois de décembre par la RATP et la SNCF. Sur un plan économique, la réforme des retraites qui pénalisent de manière indéniable la fonction publique, peut entraîner une précarisation du secteur public. En effet, le retrait d’avantages pour les professeurs peut inciter moins de jeunes à devenir professeur, ce qui risque de dégrader la qualité de l’enseignement en France (avec des professeurs à la retraite non remplacés). Or, l’éducation est un élément fondamental au développement socio-économique d’une nation. L’éducation est vectrice d’externalité positive puisqu’une population formée permet aux entreprises d’économiser des coûts de formation. Avec cette réforme, cette externalité positive, source de croissance intensive est remise en question, ce qui peut entrainer à terme un cercle vicieux : la croissance intensive diminue, ce qui crée des difficultés dans le cadre de la régulation du déficit public, obligeant l’Etat à intensifier sa politique de rigueur budgétaire. Puis, cette réforme a tendance à pénaliser les pensions des ménages français, ce qui peut les inciter à se tourner vers des fonds de pension qui offre des conditions attractives mais risquées. Cette réforme permettrait une ouverture d’un marché de fonds de pension en France, qui n’irait pas forcément dans les intérêts des salariés en période de crise financière. En effet, à l’issue de la crise des Subprimes des fonds de pension américains tels que ceux rattachés à Lehman Brothers ont fait faillite, entrainant la perte de capitaux de ménages qui étaient placés en vue de leur future retraite.

Cette réforme fait débat au sein de la classe politique et suscite l’indignation des représentants des régimes spéciaux : si certains, partisans d’Emmanuel Macron voit ces changements comme un moyen d’équilibrer le régime, d’autre estime qu’elle est le symbole de la politique de recul de l’intervention de l’état-providence menée par le président.

Brexit : une solution économiquement souhaitable ?

Au cours de la nuit du 31 janvier au 1er février 2020, le Royaume-Uni est officiellement sorti de l’Union européenne, après une longue période de plus de 3 ans de négociations et d’incertitudes quant aux modalités de mise en œuvre d’une telle décision prise par le peuple britannique. Quelles peuvent être les conséquences économiques du Brexit (mot-valise anglais formé à partir de « Britain » et « exit », soit en français « sortie de la Grande-Bretagne ») sur le court comme sur le long terme ? Après avoir brièvement décrit le processus ayant abouti au Brexit, nous étudierons les avantages puis les inconvénients de ce dernier, essentiellement du point de vue du Royaume-Uni.

Le processus de sortie

Il convient tout d’abord de rappeler que le Royaume-Uni n’est entré dans le Marché commun que 16 ans après sa création, en 1973. Les Britanniques ne ressentent pas un fort lien d’appartenance avec les autres pays européens (notamment à cause des divergences historiques et culturelles qui séparent insulaires et continentaux), mais une certaine proximité avec les Etats-Unis et une attraction pour le « grand large » héritée de l’époque où l’Angleterre était la première puissance économique et commerciale du monde. Ils auraient donc été moins enclins à se joindre au processus d’unification européenne , d’autant plus qu’il limiterait leur souveraineté nationale. A cela s’ajoute l’état d’esprit devenu à dominante libérale du pays, illustré par les longs mandats de la Première Ministre Margaret Thatcher dans les années 80, alors que les eurosceptiques présentent « Bruxelles » comme une productrice impénitente de normes bureaucratiques et contraignantes (allant jusqu’à l’accuser de vouloir « réglementer la courbure des bananes »).

Ce sont le « UK independance Party » et certains membres du parti conservateur (dont l’ancien maire de Londres Boris Johnson) qui ont défendu l’idée de quitter l’UE. Selon eux, il était grand temps pour le Royaume-Uni de retrouver une certaine liberté d’action, en particulier dans les domaines de l’immigration et des droits de l’entreprise et d’arrêter de payer à l’UE 350 millions de livres par semaine à l’UE (campagne « We send the EU £350 million a week, let’s fund our NHS instead »).

Le 23 juin 2016, sous cette pression et parce qu’il avait promis de le faire pour préserver l’unité de son propre parti, le Premier Ministre David Cameron organise un référendum relatif à la sortie – ou non – du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le vote « Leave » l’emporte à la surprise générale avec 52% des voix.

S’ensuivit une phase de négociations de 2016 à 2019 entre le Royaume-Uni et l’Union européenne afin de définir les conditions d’une telle sortie. Initialement prévu le 29 mars 2019, le Brexit fut repoussé au 12 avril, puis au 31 octobre, faute d’approbation par la Chambre des Communes de l’accord trouvé avec l’UE. Il s’est finalement concrétiser le 31 janvier 2020 à minuit, après que des élections générales ont donné au Premier Ministre Boris Johnson la majorité dont il avait besoin pour faire adopter son projet de Brexit. Le Royaume-Uni restera néanmoins en lien étroit avec l’UE jusqu’au 31 décembre, au cours de ce qu’on appelle la « période de transition » durant laquelle les règles de l’UE continueront de s’appliquer sur le territoire britannique. L’incapacité à trouver un compromis au sein de sa propre majorité et à écarter le risque d’un « hard Brexit », une sortie du Royaume-Uni sans conditions négociées, avaient coûté le poste de Premier Ministre à Theresa May, remplacée par le conservateur Boris Johnson le 24 juillet 2019. 

Les conséquences négatives du Brexit

« Il est absolument clair qu’il y aura des conséquences négatives » affirmait le négociateur en chef de l’Union européenne Michel Barnier dans un discours prononcé à l’université Queen’s de Belfast à quatre jours du Brexit, en janvier 2020. Il ajoutait : « Quel que soit l’accord que nous atteindrons sur notre future relation, le Brexit sera toujours une opération visant à limiter les dégâts ». Il visait dans ses propos aussi bien le Royaume-Uni que l’UE.

Le premier effet visible engendré par l’annonce de la finalisation du Brexit en janvier  a concerné les cours des grandes Bourses mondiales, les marchés financiers anticipant les conséquences économiques négatives de ce dernier. Celles de Hong-Kong et de Tokyo ont plongé, tandis que la City à Londres a enregistré une baisse de ses cours de 7% et celles de Paris et Francfort, 10%, et ce, cinq jours avant le départ définitif de la cinquième puissance économique mondiale. 

Des négociations sont ensuite à prévoir sur le plus long terme pour le Royaume-Uni avec ses futurs partenaires commerciaux, qui dureront sans doute une dizaine d’années selon le gouvernement britannique. Le Royaume-Uni doit en effet renouveler son système de partenariats commerciaux suite à sa rupture avec l’UE, pourtant son partenaire économique principal  (avec lequel il réalisait, en 2015, plus de 55% de ses importations et 45% de ses exportations). Preuve que même si le Brexit est acté, le problème n’est pas réglé pour autant.

Les experts du Trésor britannique estiment que chaque foyer britannique perdrait en moyenne 4 300 livres de revenus par an en cas de signature d’un accord de libre-échange reliant UE et Royaume-Uni similaire à celui passé entre l’UE et le Canada (la solution la plus probable pour les experts et celle souhaitée par Boris Johnson), principalement à cause de pertes d’efficacité. Les chercheurs de la London School of Economics, encore plus pessimistes, prévoient une « perte de revenu de 5 200 livres sterling par foyer et par an ». L’OCDE relativise les résultats en avançant que la perte de revenu par tête pourrait être comprise entre seulement 800 et 2 000 livres sterling par an. 

Une publication de l’OCDE a mis en évidence que, depuis son adhésion à la Communauté Economique Européenne (CEE) en 1973, le PIB par tête du Royaume-Uni avait doublé (entre 1973 et 2014) et davantage progressé que dans d’autres pays anglophones, comme le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou même les Etats-Unis. Sortir de l’UE revient pour le Royaume-Uni à renoncer aux avantages apportés par cette union économique et commerciale, comme les investissements étrangers et une productivité des facteurs de production plus élevée, toujours. Le Brexit aurait à long terme une incidence sur le PIB du Royaume-Uni comprise entre -1,6% et -4,1% d’après l’OCDE, alors que le Trésor britannique et les chercheurs de la London School of Economics s’accordent à dire que la dégradation du PIB pourrait atteindre 9,5%.

A plus court terme, une dégradation de la confiance, notamment, réduirait la consommation des ménages, en plus de peser sur les embauches et les investissements. S’il s’ était établi en 2019 autour de 4,1%, le taux de chômage pourrait progresser après le Brexit : l’incertitude, les difficultés d’approvisionnement, la moindre demande, les difficultés initiales pour rétablir une activité normale limiteraient les embauches et mettraient les entreprises en difficulté, provoquant des licenciements. Le taux de chômage pourrait doubler selon la Banque d’Angleterre.

De nombreuses entreprises qui utilisaient le Royaume-Uni comme porte d’entrée vers l’Europe pourraient décider de retirer leurs investissements à cause du Brexit. C’est notamment le cas de la banque américaine JPMorgan qui a déclaré vouloir déplacer 1 000 à 4 000 emplois hors du pays, la situation devenant pour elle nettement moins intéressante économiquement. Il en va de même pour certaines grandes entreprises chinoises et américaines qui avaient installé leur siège à Londres. Jusqu’à présent et selon une publication du cabinet d’audit et de conseil Ernst and Young, l’accès au marché unique apparaissait parmi les premiers motifs d’investissement au Royaume-Uni. Certaines analyses vont jusqu’à estimer que le Brexit provoquera une baisse des investissements étrangers de plus de 20%.

L’augmentation des taxes douanières risque, en particulier, de faire perdre au Royaume-Uni de son attractivité. L’organisation mondiale du commerce (OMC) a calculé que les exportations britanniques coûteraient 7,2 milliards d’euros supplémentaires de droit de douanes par an. Là encore, ce phénomène pourrait faire fuir les investisseurs. Selon la banque d’Angleterre, la mise en place de droits de douane couplée aux difficultés pour le Royaume-Uni à se procurer certains produits les premiers mois engendreraient des hausses de prix. L’inflation atteindrait ainsi entre 4,25% et 6,5% du PIB en 2020, avant de revenir petit à petit à son niveau actuel. Les projections du gouvernement estiment que les exportations britanniques baisseront de 12% et les importations, de 18%. De nombreuses inconnues demeurent, notamment concernant les exigences sanitaires, la qualité reconnue des produits, le passeport indispensable aux services financiers ou encore quant à la licence indispensable pour certains services afin d’exercer dans l’Union européenne. 

Dans un contexte économique marqué par la division internationale des chaînes de production, qui implique de nombreux franchissements de frontières, l’existence de droits de douane, même faibles, alourdit le coût des échanges. A cela s’ajoute l’apparition de barrières dites « non-tarifaires », comme des coûts administratifs supplémentaires liés aux contrôles aux frontières, qui affecteraient les échanges entre le Royaume-Uni et les Etats membres de l’UE. Au total, les coûts administratifs liés au franchissement des frontières pourront représenter jusqu’à 24% de la valeur des biens échangés.

Parallèlement, les taux d’intérêt des banques augmenteraient dans le pire des scénarios entre 1,8 et 5,5 points, de même que la charge d’intérêts sur la dette nationale britannique qui pourrait augmenter de 12,8 milliards de livres sterling par rapport à la situation actuelle, selon le gouvernement. La Banque d’Angleterre s’attend à une dépréciation de la livre de l’ordre de 25%, ce qui contribuerait à cette augmentation ainsi qu’à la hausse de l’inflation mentionnée plus haut.

Si la limitation de l’immigration était visée par les défenseurs du Brexit, l’OCDE rappelle que « les immigrants, en particulier des pays de l’Union européenne, ont stimulé la croissance du PIB au Royaume-Uni, et ce significativement » : ainsi, cette main d’œuvre jeune et dynamique aurait contribué, selon l’Organisation, à la hausse du PIB à hauteur de 0,7 point par an en moyenne depuis 2007, expliquant près de la moitié de la croissance britannique.

Enfin, certains secteurs-clés de l’économie risquent d’être touchés par l’après-Brexit. En effet, une chute des prix de l’immobilier est à prévoir sur tout le territoire, le phénomène s’observant déjà à Londres. Par ailleurs, le Brexit compromet la capacité du Royaume-Uni à faire venir les meilleurs étudiants du monde entier et à les intégrer dans le secteur de la recherche, d’après une lettre signée par pas moins de 150 établissements de l’enseignement supérieur britannique, en plus de faire perdre à ces derniers l’accès à des fonds européens. 

En ce qui concerne les transports, les compagnies aériennes britanniques et européennes ainsi que l’Eurostar devront réclamer une autorisation pour opérer des trajets entre l’île et le continent. Les nouvelles procédures de contrôle aux douanes causeront des retards à la frontière dans les aéroports, les gares et les ports et créeront des embouteillages sur les routes. 

Le Brexit entraînerait des charges supplémentaires dans de nombreux autres domaines de la vie quotidienne, comme une hausse des frais d’itinérance en cas de voyage des Britanniques dans l’Union européenne, l’instauration de commissions par les banques en cas d’utilisation d’une carte bancaire britannique en Europe (ou réciproquement), voire même des pénuries de produits comme les médicaments.

Des conséquences positives du Brexit ?

Les conséquences économiques du Brexit doivent tout d’abord être relativisées selon certains économistes. Ainsi, le gouverneur honoraire de la Banque de France Christian Noyer rappelle dans une interview en 2017 que la place financière de Londres est de loin la plus importante en Europe et qu’elle ne perdra pas cette position, bien que le Brexit affaiblira sans nul doute un peu le leadership de la City. 

Par ailleurs, certains effets négatifs, pour les uns, essentiellement les Britanniques, pourraient avoir contreparties positives pour les autres. Certaines métropoles de rayonnement mondiale comme Paris, Francfort, Amsterdam, Dublin et Luxembourg pourraient bien tirer leur épingle du jeu en accueillant les usines, certains services de banques et de compagnies d’assurance britanniques , ce qui apporterait  des emplois et des revenus au pays d’accueil.

Trois grandes motivations ont poussé les Britanniques à majoritairement voter en faveur du Brexit. La première était de regagner en souveraineté nationale afin de répondre le mieux possible aux attentes de la population. La deuxième concernait le contrôle de l’immigration, un phénomène qui s’invite régulièrement dans les débats publics et qui divise l’opinion depuis la crise migratoire des années 2010. Si l’impact économique de ces changements peut être négatif, ils correspondent en tout cas à la volonté exprimée par les insulaires et vont pouvoir se réaliser. 

Enfin, la troisième attente portait sur les frais jugés trop élevés qu’entraînait l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE (sa contribution au budget de l’UE, en particulier) désormais supprimés. D’après les partisans du Brexit, ceci permettrait de limiter le déficit public du pays et, pourquoi pas, d’investir dans un plan de relance pour maintenir la croissance. Entre 2010 et 2014, la contribution du Royaume-Uni au budget de l’Union européenne s’est en effet élevée en moyenne à 15,2 milliards d’euros par an. Cependant, il faudrait tenir compte des retours directs et indirects dont bénéficiait le Royaume Uni de la part de l’UE, au titre des politiques qu’elle finance. En tout état de cause, ce gain resterait limité. 

Parmi les bénéfices du Brexit, l’OCDE mentionne la possibilité pour le Royaume-Uni de procéder à une « déréglementation » plus poussée qui « pourrait avoir quelques effets positifs » sur l’activité. Toutefois, le Royaume-Uni figure déjà parmi les pays où l’encadrement des marchés est le plus souple, comme en témoignent le développement de la « gig economy » et des emplois précaires outre-manche, du fait de l’une des législations du travail les moins contraignantes d’Europe.

Le Premier Ministre Boris Johnson y voit, quant à lui, une « occasion en or » pour le Royaume-Uni de négocier ses propres accords commerciaux et de nouer des liens économiques avec des pays à fort potentiel de croissance, sans avoir à chercher un compromis avec les autres Etats membres de l’UE, dont les intérêts ne sont pas forcément les mêmes. 

Si l’OCDE publie des résultats assez pessimistes quant à l’avenir économique du Royaume-Uni, le scénario proposé par Open Europe est, lui, bien plus optimiste. L’organisation estime en effet qu’à certaines conditions, le Brexit pourrait permettre une hausse du PIB de 1,55%. Pour ce faire, le Royaume-Uni devrait s’efforcer d’obtenir à un large accord commercial avec l’UE et mener à bien son projet ambitieux de déréglementation.

A l’heure où le Brexit est devenu une réalité au moins juridique, nombreuses sont les questions qui restent en suspens. Si les avantages du Brexit existent, ils demeurent cependant nettement moins nombreux et importants que les difficultés économiques qui attendent nos voisins d’Outre-manche. Le Royaume-Uni étant le premier Etat à sortir de l’Union européenne, il sera intéressant d’observer si ses dirigeants arriveront à maintenir la vitesse et le cap sur la longue durée ou si, au contraire, le navire britannique ralentira et devra changer de direction. 

Martin Vasseur

Vénézuela : une crise économique inédite

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Vénézueliens dans une rue de Cucuta, à la frontière colombienne

Ayant connu un développement socio-économique important durant les années Chavez, avec une hausse de 170 pour cent du PIB par habitant entre 2003 (83.62 milliards de dollars) et 2008 (316 milliards),  le Venezuela est aujourd’hui soumis à la crise économique la plus forte de son histoire. Cette crise est directement liée à la dévaluation de sa ressource fondamentale : le pétrole.

Contexte économique : L’économie vénézuélienne est fondée sur sa production pétrolifère : en effet, le pays détient les plus importantes réserves au monde avec 300 milliards de barils. La majeure partie de son budget repose sur cette production. Le secteur est un monopole d’Etat et la compagnie a pour nom PDVSA (Petroleos de Venezuela SA) . Ainsi, l’économie est fortement soumise aux fluctuations du baril, et la hausse du cours du pétrole en 2006 et 2007 a été profitable pour l’économie. Dans ce contexte, Hugo Chavez s’est senti en position de force et a alors accéléré sa politique socialiste marquée par un dirigisme économique accru : en janvier 2007, celui-ci décide da renationaliser le secteur des télécommunications et de l’électricité. Par la suite, Hugo Chavez instaure une politique d’expropriation: par exemple Exito, dans le secteur de la grande distribution et appartenant au groupe Casino, considérée comme frauduleuse. Selon le gouvernement vénézuélien, celle-ci aurait augmenté considérablement ses prix afin d’augmenter ses marges.

Il décide également de mettre fin à la souveraineté de la Banque Centrale. En effet, l’ancien président jugeait que la Banque Centrale était dépendante du FMI. De manière générale, celui-ci était opposé à la gouvernance économique mondiale qu’il estimait être dirigé par les Etats-Unis. C’est pourquoi il prend la décision de quitter le FMI et la Banque Mondiale le 30 avril 2007.

A l’inverse de 2006,la baisse des tarifs pétroliers en 2014 a eu des conséquences particulièrement néfastes.

Origines : la chute du Baril entre 2014 et 2016

Le baril de Brent a connu un effondrement considérable: celui-ci est passé de 111,8 dollars en juin 2019 à 30,69 dollars en janvier 2016 selon l’INSEE, soit une diminution de plus de 250 pour cent. Cette diminution s’explique dans une contexte où la Chine a vu sa croissance diminuer durant cette période, et par conséquent sa demande en pétrole a diminué également. En parallèle, les Etats-Unis ont augmenté leur offre, notamment en terme de pétrole dit « non-conventionnel » à l’instar du pétrole de schiste. L’objectif des Etats-Unis était alors de réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole étranger, notamment vénézuelien. Par la suite, afin de contrer la concurrence américaine les pays du Golfe ont également pris la décision de ne pas réduire leur quantité de production. L’Iran a également profité d’une levée de sanctions de l’Occident (accords de Vienne de juillet 2015) afin de pouvoir exporter son pétrole.

Les conséquences de cette baisse et de la politique chaviste :

La diminution du baril a alors provoqué une diminution considérable du PIB vénezuelien, plongeant le pays dans une sévère récession. La baisse de la production vénezuelienne a entrainé de manière mécanique une baisse de l’offre des entreprises. Cette baisse de la production se traduit alors par une vague de licenciments : entre 2014 et 2016, le taux de chômage a plus que doublé passant de 6,7 pour cent à 20,86 pour cent selon le FMI. De plus, le Vénezuela est particulièrement dépendant des produits extérieurs les biens alimentaires proviennent très souvent de l’étranger.

Les méthodes de Hugo Chavez (nationalisations, expropriations) ont tendance à inquiéter les investisseurs étrangers, qui ont alors quitté en masse le pays. La perte de confiance des acteurs internationaux (entreprises, états) vis-à-vis du Vénzuela a alors entrainé une fuite des capitaux et une dépréciation du Bolivar, monnaie du pays. Cette inflation est également liée à la perte de confiance des utilisateurs de la monnaie: un marché noir parallèle s’est développé avec des biens échangés en dollars, face à la pénurie des produits et avec une monnaie qui ne permet de ne rien acheter (le salaire moyen d’un vénézuelien lui permet d’acheter simplement deux kilos de viande par mois). De plus, les sanctions américaines à l’été 2017 décidées par Trump empêchent le Venezuela d’accéder aux marchés financiers pour financer son déficit. Ainsi, le Vénézuela finance son déficit en faisant « tourner massivement la planche à billets », la monnaie est créée à partir de rien, ce qui génère de l’inflation (voir article sur l’inflation de la République de Weimar). A la suite des sanctions américaines, l’agence Standard and Poors déclare en novembre 2017 le Vénezuela en défaut de paiement partiel. De plus, la politique de la dette est gérée d’une manière peu optimale: le Vénézuela s’efforce à payer sa dette (notamment envers la Chine et la Russie) au lieu de tenter de la renégocier, entre 2014 et 2017 le pays a remboursé  72 milliards de dollars de dette, qui aurait pu être investi dans la relance de l’économie ou dans l’investissement dans des secteurs autres que le pétrole.

En 2018, l’inflation était de 130000 pour cent, le FMI l’estime à plusieurs millions de pour cent en 2019.

Protectionnisme américain : ses conséquences sur l’économie globale et sur les ménages américains

Au début du mois d’octobre dernier, l’OMC a donné le feu vert aux Etats-Unis pour mettre en place des droits de douane sur des produits européens dans un contexte où des pays de l’Union Européenne (comme la France et l’Allemagne) ont subventionné de manière illégale Airbus. Après l’Asie, la guerre commerciale touche désormais l’Europe. Retour sur ces deux dernières années et sur les conséquences que cette politique protectionniste pourrait engendrer.

Donald Trump lors de la 136ème cérémonie d’anniversaire du Coast Guard Academy

Genèse : le cas chinois

La guerre commerciale contre la Chine sous l’ère Trump commence officiellement le 22 janvier 2018, date à laquelle Donald Trump décide de taxer les machines à laver et les panneaux solaires chinois. En effet, la Chine est le plus gros producteur dans ces deux domaines. Dans un second temps, la guerre commerciale s’embrase en mars 2018, avec la taxation de matières premières chinoises : à hauteur de 10 pour cent pour l’acier et 25 pour cent pour l’aluminium. Cette mesure est prise dans un contexte où la Chine domine le marché mondial  dans la production de ces deux métaux : en 2017, selon la world steel association, celle-ci produisait 830 millions de tonnes contre environ 80 millions pour les Etats-Unis et selon USGS, les Etats-Unis produisaient 1,6 millions de tonnes contre 32 pour la Chine.

Des conséquences positives pour les Etats-Unis…

La politique menée par Donald Trump vise à privilégier les entreprises nationales. En effet, les taxes douanières entrainent une remontée des prix des produits chinois vendus en Chine. Les entreprises chinoises, éprouvant des difficultés à s’aligner sur les prix américains qui ne subissent pas les taxes, pourraient progressivement se retirer du marché. Cela permettrait aux entreprises nationales d’être plus compétitives, par des prix plus attractifs. Ainsi, les ménages américains seraient incités à consommer plus de produits nationaux. Pour répondre à cette hausse de demande, les entreprises produiraient plus de biens ce qui génèrerait une croissance économique plus forte.

et d’autres qui le sont moins :

Le protectionnisme vise à privilégier les entreprises nationales. Par conséquent, les entreprises étrangères sont pénalisées, ce qui peut amener à une progressive disparition de celles-ci sur le marché. Cette disparition, du fait de l’incapacité des entreprises étrangère à maintenir leur compétitivité entraîne alors une situation de marché allant à l’encontre du principe d’atomicité du marché (théorie libérale soulignant la nécessité de contenir beaucoup d’offreurs et de demandeurs sur le marché). En effet, un protectionnisme exacerbé entraîne des dérives oligopolistiques, contestant alors le principe de concurrence pure et parfaite (théorisé par Franck Knight dans son ouvrage Risk, Uncertainty and Profit en 1921), où la concurrence étrangère se retire du marché. Et cette dérive peut aller à l’encontre du consommateur puisque les entreprises nationales, étant moins soumises à la concurrence grâce au protectionnisme, peuvent en quelque sorte devenir plus facilement devenir Price Maker et gagner en pouvoir de marché.

Des conséquences pour l’économie mondiale :

A l’échelle mondiale, les taxes douanières ont des répercussions pour les pays exportateurs. En effet, l’économie allemande est très dépendante du secteur industriel, et de manière précise celui de l’automobile. Ce secteur de l’automobile couvre 40 pour cent des exportations du pays et un salarié sur sept travaille dans ce domaine. Ainsi, les taxes douanières à hauteur de 25 pour cent infligés par les Etats-Unis, entraînerait de manière logique, une hausse des prix de vente. Et selon le principe d’élasticité prix (sensibilité de la demande d’un bien à son prix ou à sa variation, se calculant par taux de variation de la demande/ taux de variation du prix), dans le cadre de biens substituables, lorsque le prix d’un bien augmente sa demande diminue, il s’agit d’une logique d’élasticité prix négative pour les biens « normaux ». D’après cette théorie, les ventes des voitures allemandes devraient chuter, ce qui créerait une tension dans le secteur de l’automobile en Allemagne, pouvant amener à une baisse des résultats des entreprises et des licenciements. La croissance allemande serait alors pénalisée du fait de ce protectionnisme. Cet exemple allemand fonctionnne également avec d’autres produits européens à l’instar du vin français qui concerne 500 000 emplois directs ou indirects.

Des mesures de rétorsion potentielles :

Ces pays, subissant le protectionnisme américain, peuvent alors mettre également à leur tour des mesures de rétorsion créant alors une escalade dans la guerre commerciale. Les mesures de rétorsion sont d’abord une augmentation des taxes douanières pour les pays américains. Les Etats-Unis sont le deuxième pays exportateur derrière la Chine, par conséquent, son économie dépend assez fortement de la demande étrangère. La guerre commerciale peut également avoir comme conséquences une guerre monétaire. Tout d’abord, le protectionnisme américain risque d’inciter les pays subissant ces mesures à dévaluer leur monnaie afin de rendre leur production plus compétitive. Cette dévaluation (ce qu’a fait par exemple la Chine) risquerait de créer une pression inflationniste à l’échelle mondiale. Par la suite, la Chine a évoqué une mesure qu’elle pourrait appliquer en cas de point de non-retour: il s’agit de l’option nucléaire de la guerre commerciale. En effet, la Chine détient 1000 milliards d’obligation américaines et pourrait les vendre. Cette vente entrainerait une dévaluation massive de l’obligation américaine et une remontée considérable des taux, ce qui limiterait la marge de manoeuvre de la politique économique américaine.

Conclusion :

Ce sytème protectionniste a pour objectif de pénaliser les économies rivalisant avec les Etats-Unis, ces mesures prises par Trump s’inscrivent dans une volonté de préserver les entreprises nationales et d’assurer l’hégémonie américaine sur le plan économique. Ces mesures protectionnistes concerne désormais l’Europe et risque d’impacter la croissance allemande, dont l’économie est relativement dépendante de son excédent commercial. Cependant, ce protectionnisme peut également avoir un impact néfaste pour les consommateurs américains, qui certes sont incités à consommer plus de produits américains, mais à des prix naturellement plus élevés, avec une concurrence moins féroce marquée par la sortie des entreprises étrangères du marché américain. Ce constat risque alors de créer une situation de surproduction où les entreprises sont incitées à produire plus puisque les conditions de marché y sont favorables mais les ménages à consommer moins face à des prix plus élevés. De plus les mesures de rétorsion peuvent faire créer un surplus de tension dans cette guerre, en répondant par une hausse des taxes, ce que fait la Chine avec les produits américains ou en se déresponsabilisant de son rôle de créancier, elle qui détient plus de 1000 milliards de T-bond.