Urbanisme – Etude comparative de la verticalité urbaine à Paris et New York

Si jusqu’à la fin du 19e siècle, les paysages urbains se composaient essentiellement de maisons ou d’immeubles d’une poignée d’étages, ceux-ci deviennent de nos jours de plus en plus marqués par la présence de bâtiments de très grande hauteur, que l’on nomme plus communément « gratte-ciels ». Les experts définissent un gratte-ciel comme « une tour de grande taille », sans pour autant réussir à s’accorder sur ses caractéristiques plus précisément. La société allemande de recensement des gratte-ciels Emporis émet par exemple l’avis que ceux-ci doivent mesurer au moins 100 mètres de haut et comporter plusieurs étages pour recevoir cette dénomination. D’autres sources avancent des critères plus rigoureux : par exemple, 150 mètres de hauteur pour 40 à 50 étages minimum. Il s’agit donc d’une définition assez subjective et abstraite, dont le sens peut évoluer selon l’époque et le lieu.

La présence – ou non – de tels édifices ne se fait pas n’importe où sur le territoire, comme nous le verrons dans cet article. Elle répond notamment à des attentes économiques, mais également historiques et culturelles. Loin de faire consensus, les gratte-ciels – et l’inexorable élévation des bâtisses modernes de manière générale – scindent l’opinion publique en deux camps. Les gratte ciels jouissent en effet d’une certaine popularité aux Etats-Unis ; un succès contrasté par le constat que la plupart des villes européennes continuent à les bouder. Avec pas moins de 290 gratte-ciels sur son territoire, New-York symbolise sans doute le mieux la confiance américaine dans le progrès technique et dans l’innovation en matière d’urbanisme. A l’opposé, Paris se distingue pour son urbanisme plus traditionnel, ancré dans un contexte historique bien spécifique et reconnu pour ses nombreux monuments encerclés d’immeubles Haussmanniens du 19e siècle. Les quelques grandes tours apparues sur le sol de la capitale ou à proximité le siècle passé ont, à ce titre, fait l’objet d’un traitement et d’un aménagement particuliers de la part des politiques publiques. Je tenterai donc de répondre dans cette étude comparative à la question suivante : comment expliquer la différence de représentation des gratte-ciels entre Paris et New-York ?

La création de Paris remonte aux alentours de 259 avant J.-C., lorsque la tribu des Parisii, un peuple de pêcheurs gaulois, s’installe sur la rive droite de la Seine et commence à y construire des habitations aux environs de l’actuelle île de la Cité. A l’époque, et jusqu’au Moyen-Age, la rive gauche était laissée vierge de toute construction en raison du risque de crue de la Seine, qui aurait pu engendrer des dégâts. Puis, en 52 avant notre ère, Jules César met la main sur la ville à l’occasion de sa campagne militaire en Gaulle et y fonde Lutèce. Cette nouvelle ville suit les grands standards romains de l’époque en matière d’urbanisme : elle est notamment construite autour d’un cardo maximus, désignant l’axe nord-sud majeur qui structure la cité, en l’occurrence la rue Saint-Jacques, et la plaçant au cœur de la vie économique et sociale de la cité. Le forum, placé au centre de la ville, s’étendait de la rue Saint-Jacques au boulevard Saint-Michel, et de la rue Cujas à la rue Malebranche.

Les siècles suivant la chute de l’empire romain, Paris connaît diverses invasions et incendies modifiant plus ou moins durablement sa structure. Néanmoins, la ville continue de se développer ; comme de plus en plus de monde s’y installe, Paris s’expand progressivement, notamment sur la rive droite. Ville résolument chrétienne, des églises et autres édifices religieux y voient le jour (pour la plupart encore visibles aujourd’hui) mais aussi des monuments liés au pouvoir, à la culture ou à la mémoire de Paris et de la France. La construction des habitations ne suit pas de grands plans urbanistiques, mais se fait davantage par improvisation, là où il reste de la place, donnant souvent naissance à des rues étroites et tortueuses. Tous les problèmes engendrés par cette organisation de l’espace et accentués par le temps sont corrigés par le baron Haussmann sous l’impulsion de Napoléon III dans les années 1850. Ses travaux de modernisation de Paris consistent à mettre en place un système d’égouts, faire disparaître de nombreux quartiers insalubres et construire de grandes avenues pour fluidifier la circulation. La capitale intra-muros a globalement assez peu changé depuis, malgré l’intensification des progrès techniques et architecturaux survenus au XXe siècle.

Maintenant, traversons l’Atlantique pour nous intéresser au cas nord-américain. En 1625, alors que le nouveau continent est découvert depuis déjà plus d’un siècle, des émigrés hollandais fondent New Amsterdam sur les terres des Algonquins, des populations autochtones, sur la côte Est des Etats-Unis. Quarante ans plus tard, les Anglais conquièrent la ville et la renomment New-York, en hommage au duc d’York. New-York connaît alors une croissance démographique soutenue jusqu’en 1807, date à laquelle les 123 000 habitants la composant font d’elle la plus importante ville des Etats-Unis, pays devenu indépendant vis-à-vis des Anglais quelques années plus tôt. Puis, aux XIXe et surtout XXe siècles, les Etats-Unis deviennent une destination rêvée pour de nombreux Européens et New-York accueille toujours plus d’immigrés, passant de 500 000 habitants en 1850 à 3,5 millions en 1900.

New-York se développe en réponse à cet afflux de population et les premiers gratte-ciels de l’histoire voient le jour. Entre 1900 et 1920, pas moins de 500 tours sont construites rien que sur l’île de Manhattan, symboles de la croissance économique fulgurante et de la révolution intellectuelle américaines des années folles. Parmi les plus emblématiques, le Flat Iron Building est inauguré en 1902, puis le Chrysler Building en 1930 et l’Empire State Building en 1931 qui, du haut de ses 443 mètres, s’impose comme le plus grand monument au monde de l’époque. La construction de hautes tours a notamment été rendue possible par la mise en place d’un squelette de poutrelles en fer, en lieu et place de la maçonnerie traditionnelle davantage adaptée aux bâtisses de moindre taille. D’autres innovations techniques ont également permis de construire en hauteur à moindre coût, ce qui s’est avéré économiquement profitable pour les constructeurs immobiliers. L’invention de l’ascenseur hydraulique en 1864 a aussi facilité l’attractivité des immeubles avec beaucoup d’étages.

La construction de gratte-ciels s’intensifie à New-York dans les années 60 et 70, poussée notamment par la concurrence entretenue avec Chicago. L’édification de nouveaux gratte-ciels dans le downtown avec par exemple le World Financial Center et ses deux tours jumelles dans la pointe Sud de Manhattan, achève de confirmer la prépondérance new-yorkaise sur le continent américain sur les plans économique et culturel tout au long du XXe siècle. Encore aujourd’hui, de nombreux chantiers de gratte-ciels se poursuivent à New-York, à l’instar du One World Trade Center, actuelle plus haute tour de New-York (541 mètres) ou des nouvelles « tours allumettes », tel le 432 Park Avenue (tour résidentielle).

D’un point de vue général, les villes de Paris et New-York partagent à l’heure actuelle de nombreuses similitudes. Ces deux métropoles globales bénéficient notamment d’une très forte intégration dans les réseaux de la mondialisation, les rendant immensément puissantes et attractives sur la scène internationale, à en croire les résultats du global power city index de la fondation Mori au Japon publiés en 2013. Ainsi, New-York et Paris seraient respectivement les 2e et 4e villes les mieux connectées au monde, grâce à leurs réseaux de transports et de communications (Paris souhaite notamment renforcer sa force dans ce domaine en aménageant le Grand Paris). Également, New-York se hisse à la première place en termes d’image, d’attractivité, de puissance et d’opportunités, tandis que Paris obtient également de très bons classements dans ces domaines (entre la 3e et la 5e place). La métropolisation de ces villes, à savoir la concentration du pouvoir, peut notamment s’expliquer par leur accès direct à un réseau maritime ou fluvial (l’océan Atlantique pour New-York et la Seine pour Paris), mais aussi par le processus historique de création et de développement de ces villes : Paris, la capitale, a hébergé le pouvoir politique du pays pendant des siècles, tandis que New-York constituait la première terre d’accueil des migrants européens après leur passage par Ellis Island.

Néanmoins, de nombreuses divergences apparaissent également entre ces deux « villes-monde », notamment d’un point de vue architectural et urbanistique. Là où Paris se compose majoritairement d’immeubles haussmanniens – conséquence d’une volonté des dirigeants de moderniser la capitale tout en respectant son patrimoine historique – le paysage urbain de New-York est, quant à lui, davantage construit en vertical, en atteste la Skyline, symbole du modernisme et du rêve américain. New-York ayant vu le jour bien plus récemment que Paris, la présence de gratte-ciels lui a permis en un sens de se créer un style urbanistique original, sans pour autant dénaturer une quelconque architecture qui aurait déjà été établie.

Pour autant, la construction de gratte-ciels ne peut pas se résumer à une simple recherche esthétique pour renforcer le soft power new-yorkais. L’engouement pour les gratte-ciels à New-York et aux Etats-Unis dès le début du XXe siècle reflète l’évolution de la société américaine de l’époque. En effet, la mutation d’une grande partie de la classe ouvrière en cols blancs et la place toujours plus importante des entreprises de service dans l’économie new-yorkaise conduisent à la prolifération de gratte-ciels, servant de centres décisionnels des grandes entreprises. Ces tours permettent ainsi de concentrer de nombreux bureaux en très peu d’espace, afin de densifier les lieux économiques stratégiques. La Skyline new-yorkaise, désignant cette nouvelle chaîne de tour au cœur de la ville, reflète alors la compétitivité des entreprises. Le géographe Le Goix définit cet espace urbain comme une « cité du contrôle », composé de CBDs, de bureaux et d’espaces contrôlés et sécurisés.

Abriter des gratte-ciels sur son territoire constitue en effet un enjeu stratégique majeur pour de nombreuses villes contemporaines dans le monde, notamment aux Etats-Unis, mais aussi en Chine, à Taïwan ou aux Emirats Arabes Unis. De tout temps, la course à la hauteur obsède les hommes, non seulement dans un souci de prestige, mais aussi afin de se rapprocher des cieux et donc de Dieu, comme le montre la construction de cathédrales. De nos jours, la conquête du ciel continue et se rapproche de son dessein avec l’édification de tours toujours plus hautes. D’un point de vue pratique, les gratte-ciels répondent au problème du manque d’espace urbain et à l’inflation foncière engendrée dans les villes à forte densité. Cet argument ne peut néanmoins pas nous satisfaire lorsque l’on a conscience du fait que New-York est moins dense que Paris, et ce malgré ses nombreuses tours. New-York est en effet beaucoup plus étalée, notamment parce qu’occuper le centre ne constitue pas une priorité pour les populations, qui ont tendance à s’installer en banlieue et à prendre leur voiture tous les matins pour se rendre au travail dans le centre (migrations pendulaires).

Les gratte-ciels présentent en effet également un enjeu de pouvoir majeur. Leur architecture doit notamment servir de démonstration de richesse et de capacité d’investissement, mais aussi de maîtrise technologique et de dynamisme économique et industriel de la part de leurs constructeurs. L’objectif pour l’entreprise est d’envoyer une image positive d’elle-même, de la ville ou du pays, afin d’attirer les visiteurs et les investisseurs étrangers. Ainsi, à New-York, la Skyline reflète la réussite économique de la ville, boostant l’attractivité de cette dernière et contribuant à la hisser au top des classements internationaux. Cette chaîne de tours mondialement connue, véritable outil de construction identitaire, constitue à ce jour l’une des caractéristiques majeures de New-York attirant chaque année des millions de touristes. Les gratte-ciels peuvent aussi permettre aux entreprises en leur possession de se distinguer de leurs concurrents et de se construire une image de marque. En outre, de nombreuses œuvres cinématographiques, comme King-Kong paru en 1933, ont indirectement mis à l’honneur certains gratte-ciels (ici, l’Empire State Building) et contribué à leur forger une solide réputation.

Malgré les avantages énumérés plus haut apportés par les gratte-ciels, de nombreuses capitales et grandes villes européennes refusent d’en construire sur leur sol. C’est le cas notamment de Paris qui, à cause de sa très forte densité de population, ne dispose plus de l’espace suffisant pour accueillir de gigantesques tours. La seule solution consisterait à détruire certains immeubles ou monuments pour libérer de la place, une action qui rencontrerait naturellement un fort mouvement de protestation des habitants concernés et des défenseurs de l’architecture parisienne. Au contraire de New-York, Paris s’est construite à une époque à laquelle les avancées techniques ne permettaient pas de construire de grandes tours, au risque qu’elles s’effondrent. Également, le besoin d’optimisation d’espace se faisait moins ressentir à l’Antiquité et au Moyen-Age dans la capitale : elle accueillait moins d’habitants et pouvait toujours s’agrandir en cas de besoin. Aujourd’hui à New-York, les locaux et appartements dans les gratte-ciels ont l’avantage de coûter moins cher en raison de leur offre importante dû au gain d’espace. A noter aussi que certains sols parisiens trop friables ne pourraient pas supporter les fondations de colosses de verre ou de béton.

Paris ne souhaite pas non plus de « Bruxellisation » de son territoire, c’est-à-dire de transformation brutale de son patrimoine urbain par la dissémination de grandes tours un peu partout, afin de préserver son paysage et son patrimoine culturel et historique. Ce terme fait référence à l’expérience vécue à Bruxelles où, dans les années 60, le manque de restrictions concernant l’uniformisation de l’architecture a conduit à l’édification de bâtiments modernes, voire de tours, à faible valeur esthétique au milieu d’habitations plus traditionnelles. A une époque où le tourisme se développe à grande échelle grâce à la moyennisation de la société française depuis plusieurs décennies et de la hausse des standards de vie des habitants dans de nombreux pays du monde (par exemple la Chine), il convient pour Paris de rester culturellement attractive. Rien qu’en 2019, Paris et la région Ile-de-France ont accueilli 50,6 millions de visiteurs, principalement venus pour visiter des musées et des monuments (69%), se promener en ville (67%) et faire du shopping (39%), générant 21,9 milliards d’euros de recettes. Paris est la 6e ville la plus touristique du monde grâce à son importante offre culturelle, mais aussi grâce à l’atmosphère qu’elle souhaite véhiculer : celle d’une ville romantique chargée d’histoire. Construire des gratte-ciels en plein centre-ville dénaturerait les lieux, en plus de transmettre une image de modernisme conformiste contraire aux attentes des touristes.

Néanmoins, il serait faux d’affirmer que la capitale a refusé toute construction de gratte-ciels : le quartier de la Défense, en périphérie de Paris, en est le contre-exemple parfait. Chaque matin, l’équivalent de la ville de Reims débarque à la Défense, actuellement le plus grand centre d’affaires d’Europe en termes de superficie, pour y effectuer sa journée de travail. La Défense héberge pas moins de 500 entreprises, dont les sièges sociaux de très grandes comme Total, et 61 tours de plus de 100 mètres de hauteur, ce qui fait de ce centre d’affaires le 4e le plus compétitif du monde derrière ceux de Londres, New-York et Tokyo. Au fur et à mesure du développement du quartier dans la seconde moitié du XXe siècle, les plafonds des hauteurs des bâtiments sont réhaussés par l’EPAD (établissement public visant à aménager la Défense), suscitant la colère d’une partie de l’opinion publique qui juge les tours trop hautes et trop visibles depuis Paris intra-muros. De nombreux projets ont notamment été avortés pour des raisons financières mais également politiques, l’opinion française se montrant souvent défavorable à l’érection d’immeubles de grande hauteur. Finalement, le quartier de la Défense reflète la puissance économique de Paris – développée plus haut – et de la France en général, sans pour autant dénaturer le patrimoine historique de la capitale en s’implantant en plein cœur de la ville.

En fin de compte, les villes de New-York et Paris ont suivi des trajectoires très différentes. Si la première fait des gratte-ciels et de la modernité en général le fer de lance de son développement économique et de son pouvoir d’attraction, la seconde mise davantage sur son héritage historique et son architecture authentique pour séduire autant les touristes que les investisseurs. Un compromis semble cependant avoir été trouvé par la capitale ces dernières décennies entre préservation de son patrimoine millénaire et nécessité de compétitivité des entreprises nationales contemporaines, avec l’élaboration du quartier d’affaires de la Défense. Dans un contexte de réchauffement de la planète, construire en hauteur peut en outre éviter l’étalement urbain et permettre une moindre utilisation des transports (proximité des activités) et donc émettre moins de CO2.

Mener cette recherche m’a permis de mieux comprendre les enjeux contemporains liés à la construction de gratte-ciels. Loin de répondre seulement à une logique de réduction des coûts dans un contexte de forte densité urbaine, les gratte-ciels servent aussi et surtout à impressionner celui qui pourrait potentiellement constituer le client de l’entreprise ou de la ville/du pays. C’est pour cette raison que les architectes redoublent d’imagination pour offrir à notre vue des tours toujours plus hautes, mais aussi plus originales. Il n’est plus rare d’observer de nos jours des gratte-ciels torsadés, construits en bois, en forme de U, d’ADN ou de pointe de stylo plume… La Dynamic Tower de Dubaï, une fois achevée, pourra même tourner sur elle-même ! Cette démarche m’a également appris l’importance du contexte historique dans les choix des politiques publiques en matière d’urbanisme. New-York doit notamment sa forte concentration de gratte-ciels sur son sol en raison de sa création tardive : la construction de tels édifices, loin d’altérer l’essence de la ville, est venue accompagner son évolution économique et démographique vers la voie de la modernité.

Bibliographie :

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