Vénézuela : une crise économique inédite

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Vénézueliens dans une rue de Cucuta, à la frontière colombienne

Ayant connu un développement socio-économique important durant les années Chavez, avec une hausse de 170 pour cent du PIB par habitant entre 2003 (83.62 milliards de dollars) et 2008 (316 milliards),  le Venezuela est aujourd’hui soumis à la crise économique la plus forte de son histoire. Cette crise est directement liée à la dévaluation de sa ressource fondamentale : le pétrole.

Contexte économique : L’économie vénézuélienne est fondée sur sa production pétrolifère : en effet, le pays détient les plus importantes réserves au monde avec 300 milliards de barils. La majeure partie de son budget repose sur cette production. Le secteur est un monopole d’Etat et la compagnie a pour nom PDVSA (Petroleos de Venezuela SA) . Ainsi, l’économie est fortement soumise aux fluctuations du baril, et la hausse du cours du pétrole en 2006 et 2007 a été profitable pour l’économie. Dans ce contexte, Hugo Chavez s’est senti en position de force et a alors accéléré sa politique socialiste marquée par un dirigisme économique accru : en janvier 2007, celui-ci décide da renationaliser le secteur des télécommunications et de l’électricité. Par la suite, Hugo Chavez instaure une politique d’expropriation: par exemple Exito, dans le secteur de la grande distribution et appartenant au groupe Casino, considérée comme frauduleuse. Selon le gouvernement vénézuélien, celle-ci aurait augmenté considérablement ses prix afin d’augmenter ses marges.

Il décide également de mettre fin à la souveraineté de la Banque Centrale. En effet, l’ancien président jugeait que la Banque Centrale était dépendante du FMI. De manière générale, celui-ci était opposé à la gouvernance économique mondiale qu’il estimait être dirigé par les Etats-Unis. C’est pourquoi il prend la décision de quitter le FMI et la Banque Mondiale le 30 avril 2007.

A l’inverse de 2006,la baisse des tarifs pétroliers en 2014 a eu des conséquences particulièrement néfastes.

Origines : la chute du Baril entre 2014 et 2016

Le baril de Brent a connu un effondrement considérable: celui-ci est passé de 111,8 dollars en juin 2019 à 30,69 dollars en janvier 2016 selon l’INSEE, soit une diminution de plus de 250 pour cent. Cette diminution s’explique dans une contexte où la Chine a vu sa croissance diminuer durant cette période, et par conséquent sa demande en pétrole a diminué également. En parallèle, les Etats-Unis ont augmenté leur offre, notamment en terme de pétrole dit « non-conventionnel » à l’instar du pétrole de schiste. L’objectif des Etats-Unis était alors de réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole étranger, notamment vénézuelien. Par la suite, afin de contrer la concurrence américaine les pays du Golfe ont également pris la décision de ne pas réduire leur quantité de production. L’Iran a également profité d’une levée de sanctions de l’Occident (accords de Vienne de juillet 2015) afin de pouvoir exporter son pétrole.

Les conséquences de cette baisse et de la politique chaviste :

La diminution du baril a alors provoqué une diminution considérable du PIB vénezuelien, plongeant le pays dans une sévère récession. La baisse de la production vénezuelienne a entrainé de manière mécanique une baisse de l’offre des entreprises. Cette baisse de la production se traduit alors par une vague de licenciments : entre 2014 et 2016, le taux de chômage a plus que doublé passant de 6,7 pour cent à 20,86 pour cent selon le FMI. De plus, le Vénezuela est particulièrement dépendant des produits extérieurs les biens alimentaires proviennent très souvent de l’étranger.

Les méthodes de Hugo Chavez (nationalisations, expropriations) ont tendance à inquiéter les investisseurs étrangers, qui ont alors quitté en masse le pays. La perte de confiance des acteurs internationaux (entreprises, états) vis-à-vis du Vénzuela a alors entrainé une fuite des capitaux et une dépréciation du Bolivar, monnaie du pays. Cette inflation est également liée à la perte de confiance des utilisateurs de la monnaie: un marché noir parallèle s’est développé avec des biens échangés en dollars, face à la pénurie des produits et avec une monnaie qui ne permet de ne rien acheter (le salaire moyen d’un vénézuelien lui permet d’acheter simplement deux kilos de viande par mois). De plus, les sanctions américaines à l’été 2017 décidées par Trump empêchent le Venezuela d’accéder aux marchés financiers pour financer son déficit. Ainsi, le Vénézuela finance son déficit en faisant « tourner massivement la planche à billets », la monnaie est créée à partir de rien, ce qui génère de l’inflation (voir article sur l’inflation de la République de Weimar). A la suite des sanctions américaines, l’agence Standard and Poors déclare en novembre 2017 le Vénezuela en défaut de paiement partiel. De plus, la politique de la dette est gérée d’une manière peu optimale: le Vénézuela s’efforce à payer sa dette (notamment envers la Chine et la Russie) au lieu de tenter de la renégocier, entre 2014 et 2017 le pays a remboursé  72 milliards de dollars de dette, qui aurait pu être investi dans la relance de l’économie ou dans l’investissement dans des secteurs autres que le pétrole.

En 2018, l’inflation était de 130000 pour cent, le FMI l’estime à plusieurs millions de pour cent en 2019.

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